Stéphanie Sandoz, pouvez-vous nous parler du début de votre carrière, une anecdote, un déclic qui vous a poussé à vous lancer ?

Depuis toute petite, à chaque fois que je me retrouvais au concert d’un artiste, j’avais envie de monter sur scène et de lui piquer son micro ! Tu finis par te dire que tu es peut-être faite pour ça…

Et puis après viennent les synchronicités, les coïncidences et les rencontres qui font que tu te retrouves toujours sur le chemin de la musique, où que tu sois. Et moi j’en ai connu un paquet des coups du destin qui te font dire que « quand même, y’a un truc » : de Brian Bacchus à New York (Norah Jones), qui a réalisé ma première démo, à Adrian Quesada (Prince, Black Pumas) à Austin pour « Soul Kitchen », en passant par Marc Cerrone, qui a accepté que j’adapte l’un de ses titres mythiques sur l’album Jetlag, ou encore mes duos avec la star de la pop à Hong-Kong, Kenny Bee, ou Samira Brahmia à Alger… les musiciens internationaux avec lesquels j’ai collaboré lors de mes voyages… Et bien sûr mes complices en France… Mon parcours musical c’est une grande et longue aventure qui m’a amenée aux quatre coins du monde.

Comment se passent vos répétitions et enregistrements ? (Lieu, durée, travail en équipe)

En temps normal, et notamment sur mes albums précédents, j’écris, je compose (ou co-compose parfois) et je rentre en studio à Paris avec une équipe que je connais bien.

Pour Soul Kitchen, mon nouvel album, j’ai choisi de partir au Texas et d’écrire à 4 mains, alors l’expérience a forcément été différente ! L’histoire de cet album c’est la fusion artistique, la complémentarité et le coup de cœur entre Hugo, le guitariste de mes débuts, et moi. La douceur et le rock’n’roll J Hugo compose, et moi j’écris.

On a démarré la musique ensemble, partagé nos premières émotions scéniques, puis la vie nous a éloignés. Lui est parti vivre au Texas et moi j’étais à Paris. On s’est retrouvés par hasard en 2017 et j’avais mon idée d’album : l’alchimie s’est créée à nouveau et je suis partie enregistrer aux US, sur son territoire. On a constitué une équipe à Austin. La co-réalisation a été confiée à Adrian Quesada, multi-instrumentiste, déjà récompensé aux Grammy Awards et nommé une nouvelle fois à la fin du mois avec son groupe Black Pumas, et Stuart Sikes, également mixeur reconnu (Cat Power, The White Stripes).

L’expérience en studio à Austin m’a permis de redécouvrir la musique « sans chichis » : pure, roots, habitée. Je me foutais d’être « format » ou « pas format » et je me suis reconnectée à moi-même. Tout au long des enregistrements des musiciens locaux talentueux sont passés à la volée enregistrer des instruments ou partager un moment Live avec le groupe improvisé : Nico Leophonte, Roberto Sanchez ou Robb Kidd pour les drums, Danny G. pour les basses ou encore Trevor Nealon ou Matt Hubbard pour les claviers.

C’était génial ! Et du coup l’album est presque live, très peu de traitements. Je me suis vraiment fait plaisir, au point que certains morceaux durent 7 mn.

Faites-vous du live ? Comment cela se passe-t-il ? Avez-vous un agent ou contrat de tourneur/booking

Le live c’est le cœur du sujet ! Pas encore de tourneur : c’est moi qui booke mes salles comme une grande ! J L’idée c’est de jouer le plus souvent possible, et chaque concert est pour nous l’opportunité de faire évoluer le set et de convaincre le public. J’ai une formation « soft » avec 2 guitares pour les petites salles et une formation pleine avec 5 musiciens.

On a la chance de souvent remplir nos salles et du coup les gens nous font rejouer. J’ai testé l’album sur scène toute l’année avant de le sortir. Et au Texas aussi ;-)

Quelle est votre prochaine actualité ? Des choses à venir Stéphanie Sandoz ?

Mon actualité c’est la sortie très proche de « Soul Kitchen », le 31 janvier !

Et une série de concerts à Paris et province à suivre (prochaines dates à Paris : le 29 janvier chez Castel, le 5 mars à l’Etage). Cet album est particulier pour moi : il marque une croisée des chemins, un renouveau musical. Après des années de lutte pour émerger, je crois que j’avais besoin de retrouver le plaisir originel de chanter et de faire de la musique.

Avez-vous un label ? Quels conseils pourriez-vous donner à un jeune talent pour en trouver un?

J’aurais du mal à conseiller un jeune talent pour trouver un label car je n’en ai pas trouvé ! J Du coup j’ai fais le choix de ma liberté et de monter mon propre label pour promouvoir ma musique. Je crois que l’artiste doit savoir tout faire aujourd’hui. Je me qualifie souvent d’artiste-entrepreneuse, et pour cause !

Je venais du monde de l’entreprise et avec mon mini-label je suis devenue chanteuse, auteur, compositeur, et je me suis aussi découvert des talents de community manager, développeuse, comptable, informaticienne, photographe, cadreuse, organisatrice d’événements, manageuse de moi-même, tourneuse (de moi-même ;-)), roadie… Emerger comme artiste indé c’est la nécessité d’être hyper adaptable, organisé, multifonction et, sincèrement, je n’en finis pas d’apprendre des trucs nouveaux ! 

Avec Internet, les talents ont aujourd’hui une grande liberté pour faire découvrir leurs oeuvres au public, quels sont les moyens / outils que vous conseillez ?

Je suis active sur les réseaux sociaux, et je suis fière d’avoir réussi à développer seule une jolie communauté ces dernières années. Mais on ne va pas se cacher que ça prend du temps quand on est son propre community manager.

Je crois que la création de contenu prime sur la courses aux followers : la qualité du son, des visuels, des vidéos, le story-telling sont autant d’éléments déclencheurs pour susciter l’intérêt du public et surtout pour lui donner envie de prendre part durablement à ton histoire. 

Que pensez-vous des artistes qui faussent leurs stats en achetant des vues ou des streaming ?

Je crois surtout que c’est un faux sujet : ça ne sert à rien et ce n’est surtout pas un critère de choix, que ce soit pour les professionnels ou le public. La musique c’est un coup de cœur et les gens ne sont pas des moutons. On écoute un artiste parce que ce qu’il transmet va résonner en soi dans l’instant. Et on le réécoute pour ces mêmes raisons.

Et puis ce qui est vraiment important pour un artiste, c’est de transformer une communauté qui écoute des sons et qui voit des clips en communauté active et prescriptrice : en un public qui se déplace aux concerts, qui soutient l’artiste d’un album à l’autre, qui partage ses publications, en parle à ses copains… Ca c’est important ! 

Devenir célèbre, un objectif ou aboutissement selon vous?

Devenir célèbre ce n’est pas une fin en soi, et en aucun cas un aboutissement pour moi !

Ce qui me fait vibrer, c’est la rencontre et le partage avec le public. Si j’arrive à toucher les gens, à leur apporter quelques minutes de plaisir ou de dépaysement, j’ai gagné… C’est ça qui me rend heureuse et qui donne un sens à mes choix de vie et à ma démarche.